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quand il s’agit des actions particulières. Car [pour la colère] il n’est pas facile de marquer avec exactitude, comment, contre qui, et dans quelles circonstances, et combien de temps on doit éprouver du ressentiment ; puisque tantôt nous louons ceux qui ne se montrent pas accessibles à cette passion, et nous les appelons des hommes doux et débonnaires ; tantôt, nous applaudissons ceux qui manifestent leur vive indignation, que nous appelons alors une mâle fermeté. Au reste, on ne blâme pas communément celui qui ne s’écarte que médiocrement de ce qui est bien, soit vers un extrême, soit vers l’autre, mais celui qui s’en écarte beaucoup : car alors son erreur frappe tous les yeux. Cependant il n’est pas facile de déterminer combien et jusqu’à quel point il est blâmable ; comme dans toutes les autres choses où le sentiment intervient ; mais, dans les choses de ce genre, le jugement dépend des circonstances particulières et du sentiment. Quoi qu’il en soit, en voilà assez pour faire voir clairement que, dans tous les genres, une disposition moyenne est toujours digne de louange ; et qu’il faut, dans certains cas, pencher plutôt du côté de l’excès, et dans d’autres, se rapprocher davantage du défaut ; car c’est de cette manière, comme on l’a vu, qu’il nous sera surtout facile d’atteindre ce juste milieu, où se trouve le bien.