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tère propre de cet homme extraordinaire, et à l’influence qu’il exerça sur ses contemporains, par son génie, et plus encore par sa vertu, que l’on doit attribuer la révolution qui s’opéra, après lui, dans la philosophie, et surtout dans la science des mœurs.

Si dès le temps de Solon, c’est-à-dire plus d’un siècle avant la naissance de Socrate, Athènes renfermait dans son sein des hommes dévorés d’une ardente ambition, et qui, comme l’avait dit ce sage législateur, auraient volontiers consenti à être écorchés vifs, pourvu qu’ils parvinssent auparavant à exercer, ne fut-ce qu’un seul jour, l’autorité absolue dans leur patrie[1] ; le nombre de ces hom-

  1. Solon, dans un de ses poêmes, au sujet de l’opinion qu’avaient de lui quelques-uns de ces ambitieux, et de la manière dont ils jugeaient sa conduite, lorsqu’après avoir donné des lois aux Athéniens, il prit la résolution de s’absenter pour dix ans, les fait parler ainsi : « Certes, Solon ne fut ni prudent ni avisé, puisqu’il refusa le bien qu’un dieu lui offrait ; car, après avoir enlacé la proie dans le filet, il a négligé de le tirer à lui, faute de cœur et de jugement. Quant à moi, je voudrais posséder la souveraine puissance, accumuler d’immenses richesses, et régner dans Athènes, ne fut-ce qu’un seul jour, dût-on faire une outre de ma peau, et m’anéantir avec toute ma race. » Voy. Plutarch. in Solon. c. 14, to. I, p. 156 de l’édition de Mr Coray.