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par rapport à la simple plaisanterie, ou comme embrassant tous les détails de la vie. Il faut donc que nous parlions encore de ces trois caractères, afin de mieux faire voir que, dans tous, c’est le juste milieu qui est digne de louanges, tandis que les extrêmes ne sont ni estimables, ni louables, mais méritent au contraire d’être blâmés. À la vérité, la plupart des affections ou dispositions, d’où résultent ces caractères, n’ont pas de noms ; mais nous essaierons de leur en donner, comme nous l’avons fait pour ceux dont nous avons parlé précédemment, tant pour répandre plus de lumière sur ce sujet, que pour rendre notre pensée plus facile à comprendre.

Et d’abord, appelons vérité le milieu entre la jactance orgueilleuse[1] d’un homme qui cherche à donner aux autres une idée exagérée de ses avantages, et la dissimulation de celui qui affecte de les diminuer ; et donnons le nom de vrai, au caractère qui est placé entre ces extrêmes opposés. Quant à l’agrément qui consiste dans l’art de plaisanter avec grâce, celui qui y observe un juste milieu pourra être appelé un homme d’un caractère gai, jovial[2], tandis que l’excès en ce genre sera

  1. Ou l’ostentation. Voy. les Caractères de Théophraste, c. 23.
  2. Le mot grec εὐτράπελος , que je rends par gai ou jovial, et qui signifie aussi facétieux, semble exprimer plus généralement la grâce qui accompagne ce ton de plaisanterie légère et de bon goût, qui peut se mêler aux discussions sérieuses, et dont