Mais il y a, par rapport aux richesses, d’autres dispositions de l’âme, car la magnificence est aussi un certain milieu. Le magnifique diffère du libéral en ce que l’un dépense des sommes considérables, et l’autre se borne à des dons de peu de valeur. L’excès en ce genre s’appelle sotte vanité, ridicule étalage, et le défaut se nomme lésinerie. Ces deux extrêmes diffèrent aussi de la libéralité par quelques nuances dont nous parlerons dans la suite.
Le milieu, par rapport aux honneurs et à l’absence de toute considération, s’appelle magnanimité ; l’excès en ce genre prend le nom d’insolence, et le défaut prend celui de bassesse d’âme. Or, de même que nous avons dit que la magnificence diffère de la libéralité, en ce que celle-ci s’applique aux choses de peu de valeur ; ainsi il y a, à l’égard de la magnanimité ou passion de l’âme qui aspire aux honneurs importants, une autre passion qui n’est que le désir des honneurs de moindre importance : car on peut désirer les dignités et les honneurs, quels qu’ils soient, plus ou moins qu’il n’est convenable.
On appelle ambitieux celui dont les désirs, en ce genre, sont excessifs, et celui qui pèche par défaut, homme sans ambition : le caractère intermédiaire n’a pas de nom, de même que les dispositions qui le produisent, excepté qu’on donne le nom d’ambition à celle qui fait l’ambitieux. De là vient que les extrêmes se disputent, en quelque manière, la place du milieu. Nous-mêmes nous donnons