Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il s’ensuit qu’elles ne peuvent être que des dispositions, c’est-à-dire des habitudes ou manières d’être. Nous voyons par là à quel genre de choses appartient la vertu.

VI. Mais il ne suffit pas de dire qu’elle est une habitude ou disposition ; il faut encore que l’on sache quelle espèce d’habitude elle est. Disons donc que toute vertu rend parfait, dans sa manière d’être, tout ce dont elle est une vertu, et le met en état de bien exécuter les fonctions qui lui sont propres. Ainsi la vertu de l’œil le rend lui-même exact, et donne de l’exactitude et de la précision à ses fonctions ; car c’est par la vertu ou perfection de l’œil que nous voyons bien. Et de même, la vertu du cheval le rend lui-même bon, c’est-à-dire propre à la course, à bien porter le cavalier, et à soutenir, sans s’effrayer, le choc des ennemis. Si donc il en est ainsi dans tous les cas, la vertu de l’homme devra être pareillement une disposition, ou manière d’être, par laquelle l’homme devient bon, et capable d’exécuter les actes qui lui sont propres. Nous avons déjà dit comment cela pourra se faire[1] ; mais la chose deviendra plus évidente encore, quand nous aurons examiné quelle est la nature de la vertu.

Dans toute quantité continue ou discrète, on peut prendre des parties, ou plus grandes, ou plus petites, ou égales, considérées, soit par rapport à

  1. Ci-dessus, l. i, c. 7.