Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais la santé de l’âme, en philosophant de cette manière-là.

V. Mais à présent, il faut examiner ce que c’est que la vertu[1] : et puisqu’il y a dans l’âme trois sortes de choses, passions, facultés, dispositions, ou habitudes, il faut que la vertu soit quelqu’une de ces choses. Or, j’appelle passions, le désir, la colère, la crainte, l’audace, l’envie, la joie, l’amitié, la haine, le regret, l’émulation, la pitié, en un mot, tout ce qui est accompagné de plaisir ou de peine[2]. J’entends par facultés, les pouvoirs en vertu desquels nous sommes dits capables d’éprouver de tels sentiments, c’est-à-dire, en vertu desquels nous sommes susceptibles d’éprouver de la colère ou de la tristesse, ou de la pitié. Enfin, j’appelle habitudes ou dispositions, la tendance bonne ou mauvaise qui nous porte vers ces passions : par exemple, à l’égard de la colère, si elle a en nous trop de violence, ou si nous en sommes trop peu susceptibles, c’est une mauvaise disposition ; si nous n’y sommes portés

  1. Voy. M. M. l. i, c. 7 et 8 ; Plutarque (De Virtute morali, c. 4) adopte aussi la doctrine d’Aristote sur ce sujet.
  2. Il est facile de voir que le mot passion signifie ici simplement les diverses manières dont l’âme peut être affectée, ou les sentiments divers dont elle peut être agitée, et non pas les affections profondes et durables que nous exprimons communément par ce même terme, et que Cicéron, en exposant la doctrine des stoïciens, appelle morbos, ou perturbationes animi (maladies ou troubles de l’âme).