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à ne trouver du plaisir ou de la peine que dans les choses où on le doit, car c’est là précisément la bonne éducation. D’ailleurs, si les vertus sont uniquement relatives à nos actions et à nos passions, et si toute action ou passion est toujours accompagnée de plaisir ou de peine, il s’ensuit que la vertu est relative aux plaisirs et aux peines ; et même les châtiments qu’on inflige par leur moyen en sont une preuve : car ils sont comme des espèces de remèdes ; or, naturellement, les guérisons s’opèrent par les contraires. De plus, comme on l’a déjà dit, ce qui constitue la nature meilleure ou pire des dispositions de l’âme, quelles qu’elles soient, c’est celle des choses auxquelles elle s’applique. Ces dispositions deviennent vicieuses, par l’effet des plaisirs ou des peines, en nous faisant rechercher ou fuir ce qu’il ne faut pas, ou lorsqu’il ne faut pas, ou comme il ne le faut pas, ou enfin de toutes les autres manières que la raison détermine. Voilà pourquoi on a défini la vertu, une sorte d’impassibilité, ou de calme imperturbable. Mais c’est une définition vicieuse, parce qu’elle est exprimée en termes trop absolus, et qu’elle ne dit pas comment et quand il faut agir, et toutes les autres conditions ou exceptions qu’il est utile d’ajouter.

On peut donc supposer que la vertu est l’art de pratiquer tout le bien possible, et de diriger vers ce but nos sentiments de plaisir ou de peine ; et que le vice est tout le contraire. La vérité de ce qui a été dit devient encore évidente par ce qui