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tifique, un moyen artificiel de généraliser les notions ou les idées dont ils s’occupaient : c’était un résultat naturel de l’état des choses et des connaissances autour d’eux et avant eux.

D’un autre côté, à toutes les époques de la civilisation parmi les hommes, l’importance ou plutôt la nécessité des lois morales s’est tellement fait sentir, que du moment où quelques opinions et quelques idées religieuses eurent commencé à s’affermir chez un peuple, il ne manqua pas de les faire servir au maintien et à la garantie des règles de conduite que la conscience révèle de bonne heure à tout être doué de sentiment et de raison. Il semble, en un mot, que la vertu, dès l’instant où l’homme put en concevoir l’idée, lui ait paru un bien si précieux, que, se défiant de sa propre faiblesse, il se soit partout empressé de le mettre sous la garde de la divinité. Telle est encore la cause de cette autre alliance constante et sublime de la morale avec la religion. Et combien ne méritent pas d’horreur et de mépris les imposteurs qui trop souvent se sont appliqués à pervertir l’un de ces deux ordres d’idées, afin de corrompre et dégrader l’autre !

Nous venons de faire voir dans les monuments de l’antiquité la plus reculée, les premiers linéaments, et comme une esquisse imparfaite de la science des mœurs ; nous allons en tracer rapide-