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ou de courage, que nous devenons ou lâches, ou courageux. Il en sera de même encore des passions ou des désirs, et de la colère. Car l’habitude de se comporter, les uns d’une manière et les autres d’une autre, dans les mêmes circonstances, fait que les hommes deviennent, les uns sages et modérés, les autres débauchés et emportés. En un mot, c’est de la répétition des mêmes actes que naissent les habitudes : et voilà pourquoi il faut que les actions soient assujetties à un mode déterminé, car de leurs différences naissent les habitudes diverses. Ce n’est donc pas une chose indifférente que de s’accoutumer, dès l’âge le plus tendre, à agir de telle ou telle manière ; c’est, au contraire, une chose très-importante, ou plutôt, tout est là.

II. Mais puisque la théorie n’est pas uniquement l’objet de ce traité, comme elle l’est dans d’autres ouvrages (car nous ne nous proposons pas seulement de savoir ce que c’est que la vertu, mais de devenir vertueux, puisqu’autrement notre étude serait sans utilité), il est nécessaire que nous considérions ce qui a rapport aux actions, et comment elles doivent être faites. Car ce sont elles qui déterminent les habitudes et qui leur impriment leur caractère distinctif, comme nous venons de le dire. Et d’abord, que l’on doive agir conformément à la raison, c’est un principe généralement admis et sur lequel nous reviendrons[1]. Nous dirons alors ce

  1. Au commencement et à la fin du sixième livre.