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LIVRE II.

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ARGUMENT.

I. La vertu est principalement le résultat de l’habitude : par conséquent, il faut s’attacher principalement à observer l’espèce et la tendance de nos actions, puisque ce sont elles qui déterminent les habitudes. C’est en cela que consiste presque entièrement l’éducation de la jeunesse. — II. Les actions ne peuvent être vertueuses, qu’autant qu’elles sont conformes à la droite raison, ou qu’autant qu’elles ne nous portent ni vers un extrême, par excès, ni vers l’extrême opposé, par défaut. — III. Les sentiments de plaisir et de peine sont les indices de nos dispositions ou de nos habitudes, et les causes déterminantes de nos actions. C’est donc sur ce fondement que repose toute la science de la morale : aimer tout ce qui est conforme à la raison, haïr ce qui y est contraire. — IV. Mais comment peut-on dire qu’on devient vertueux en faisant des actes de vertu, puisque faire de tels actes, c’est déjà être vertueux ? Ce n’est pas l’acte lui-même qui fait l’homme vertueux, mais ce sont les dispositions qu’il y apporte. — V. Les vertus ne sont ni des passions ou affections, ni des facultés ; d’où l’on conclut qu’elles sont des dispositions acquises, ou des habitudes. — VI. La vertu consiste essentiellement dans un juste milieu entre deux extrêmes opposés, l’un par excès, l’autre par défaut. Cependant il y a des affections et des actions, qui sont par elles-mêmes bonnes ou mauvaises, sans qu’on ait occasion de considérer, à leur sujet, ni milieu, ni extrêmes opposés. — VII. Application du principe, tableau des passions, dénomination des extrêmes et du milieu qu’on peut y considérer ; témérité, courage, lâcheté, prodigalité, libéralité, avarice, etc. Il y a des extrêmes qui n’ont pas de nom dans la langue usuelle. — VIII. Cas par-