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les lois à leurs injustes partisans, pour satisfaire leur avarice et leur ambition, n’espère pas qu’un état puisse subsister long-temps sans être ébranlé, quand même il jouirait actuellement du calme le plus parfait ; car de tels hommes ne font qu’attiser les feux de la discorde et de la guerre civile[1]. »

Salomon n’exprime pas d’une manière moins énergique le danger auquel s’exposent ceux qui recherchent la faveur des grands, ou qui cèdent à la séduction et aux caresses des hommes élevés en dignité : « Quand tu seras invité à t’asseoir à la table d’un prince ou d’un grand (dit-il), si tu as de l’empire sur toi-même, ne cède point au désir de partager ses mets, car c’est là qu’est le pain du mensonge[2]. »

L’alliance de la morale et de la politique est donc une conséquence immédiate et nécessaire de la constitution de l’homme et des sociétés ; et si les philosophes qui commencèrent à traiter systématiquement la première de ces sciences, l’ont expressément regardée comme une partie de la seconde, ou comme ne faisant avec elle, pour ainsi dire, qu’un seul et même objet, ce ne fut point de leur part une vue purement théorique ou scien-

  1. Theogn. Sentent. vs. 39—53.
  2. Proverb. c. a3, vs. I-3.