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qui méritent nos éloges, ou de celles qui sont dignes de respect ; car il est évident qu’il n’est point au nombre des facultés[1]. Or il semble que tout ce qui mérite la louange ne l’obtient qu’à raison de quelque qualité, et d’un rapport déterminé à quelque chose : car nous louons l’homme juste, courageux, vertueux ; et même la vertu, à cause des actes et des actions qu’elle produit ; et celui qui est robuste, léger à la course, ou qui a quelque autre avantage de ce genre, à cause de ces qualités dont l’a doué la nature, et des dispositions qu’il en a reçues pour quelque fin bonne et vertueuse. Cela est même évident par les louanges que nous donnons aux Dieux : car il y a quelque chose de ridicule dans l’espèce de comparaison que nous en faisons ainsi avec nous ; mais cela vient de ce que la louange suppose, comme on l’a dit, un certain rapport (d’une qualité à une fin déterminée). Or, si tel est le caractère essentiel de la louange, il est clair qu’on ne doit pas louer les choses les plus excellentes ; mais qu’il y a quelque chose de meilleur et de plus grand qui leur convient ; car nous préconisons la gloire et la félicité des Dieux, et des hommes qui se rapprochent le plus de la Divinité ;

  1. Voy. M. M. l. i, c. 2 ; Eudem. l. 2, c. 1, où l’auteur établit à peu près la même division des biens, qu’il distingue en honorables, louables, et facultés, donnant à ce dernier terme un sens un peu différent de celui que nous avons indiqué précédemment (c. 1, note 3), mais qu’il adopte encore ici, en sorte que c’est celui qu’il convient de lui attribuer plus généralement.