Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donc ce qu’il y a de plus excellent, de plus beau et de plus agréable ; et ces choses ne doivent être ni distinguées ni séparées, comme elles le sont dans cette inscription de Délos[1] : « Ce qu’il y a de plus beau, c’est la justice ; de meilleur, c’est la santé ; et de plus agréable, la jouissance de ce qu’on désire. » Car tout cela se trouve dans les actions les plus parfaites ; or le bonheur est, à notre avis, ou la réunion de toutes ces choses, ou celle d’entre elles qui est la plus excellente. Néanmoins, il semble, comme je l’ai dit, qu’il faille y joindre encore les biens extérieurs ; car il est impossible, ou au moins fort difficile, de bien faire, quand on est entièrement dépourvu de res-

  1. Gravée sur les propylées du temple de Latone, comme le dit notre auteur (Eudem. I, i, c. 1) ; et le distique qu’il cite se trouve parmi les sentences attribuées à Théognis (vs. 255). Platon, au second livre des Lois (p. 661), semble faire allusion à cette inscription de Délos, lorsqu’il dit : « Ce que la plupart des hommes appellent des biens, ne mérite pas ce nom : car on dit communément que ce qu’il y a de meilleur, c’est la santé ; en second lieu, la beauté ; en troisième lieu, la force ; et enfin la richesse. Il y a même encore un nombre infini de choses qu’on appelle des biens… Mais nous pouvons dire, vous et moi, que toutes ces choses-là sont excellentes, quand elles se trouvent appartenir à des hommes justes et religieux ; et qu’elles sont ce qu’il y a de plus funeste à ceux qui sont sans religion et sans vertu. » On peut voir encore ces mêmes pensées rappelées dans le premier livre des Lois (p. 631), dans le Gorgias (p. 451) ; et, sur le même sujet, Clément d’Alexandrie (Strom., 4, p. 483), où il cite un scolie de Simonide ou d’Épicharme. Voy. enfin un fragment de la Créuse de Sophocle, cité par Stobée (p. 552).