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bres. Mais il n’est pas croyable que tous aient été complètement dans l’erreur ; il y a lieu de croire, au contraire, qu’ils ont eu raison sur quelques points, ou même sur plusieurs. Au reste, ceux qui prétendent que la vertu, en général, ou quelque vertu particulière, est nécessaire au bonheur, rentrent dans notre définition, puisqu’il est, suivant nous, l’action de l’âme dirigée par la vertu. Cependant il semble qu’il y a une grande différence à faire consister le souverain bien dans la possession ou dans l’usage, dans la disposition à la vertu ou dans la pratique de la vertu[1] ; car la disposition peut exister sans produire rien de bien, comme cela arrive pour un homme qui dort, ou qui demeure, pour quelque cause que ce soit, dans une entière inaction.

Mais, si c’est dans la vie active qu’est le bonheur, on ne saurait faire la même objection, puisqu’il faudra nécessairement, pour être heureux, que l’on agisse, et que l’on agisse bien. Et, de même que dans les jeux olympiques ce ne sont pas les plus beaux et les plus forts qui reçoivent la couronne, mais seulement ceux qui combattent dans l’arène (car c’est parmi eux que se trouvent les vainqueurs) ; ainsi, il n’y a que ceux qui agissent d’une manière conforme à la vertu[2], qui puissent avoir part à la gloire et au bonheur de la vie. Au reste, leur vie est par elle-même remplie de dé-

  1. Voy. M. M., I, i, c. 4.
  2. Voy. Eudem., I. 2, c. 1.