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elle-même. Or, voilà précisément ce qu’il faut faire dans toutes les autres choses, afin que ce qui n’est qu’accessoire, ou moyen, ne l’emporte pas sur le principal, ou sur la fin. Il ne faut pas non plus exiger également dans tous les sujets de recherche, que l’on remonte à la cause ; il y en a où il suffit de bien caractériser le fait, comme cela a lieu quand il s’agit des principes : car le fait existe d’abord et est un principe. Mais, entre les principes, il y en a qu’on peut conclure par induction[1] ; il y en a qui sont donnés par le sentiment, d’autres par la coutume ou par l’habitude, et d’autres autrement. Toujours faut-il s’efforcer de remonter à la nature de chacun d’eux, et s’appliquer à les bien définir, car ils ont beaucoup d’influence sur les conséquences. Aussi croit-on généralement que le commencement est, comme dit le proverbe, plus que la moitié de l’ouvrage[2], et qu’il suffit pour faire entrevoir déjà une grande partie de ce qu’on cherche.

VIII. C’est donc le principe du bonheur qu’il s’agit à présent d’examiner, non seulement par ses conséquences, et par la définition qu’on en donne, mais aussi d’après ce qu’on dit communément sur ce

  1. Aristote explique dans ce traité (I. 6, c. 3), et ailleurs (Analyt. Poster., I. i, c. i), la différence qu’il y a entre l’induction et le syllogisme, ou entre ce que les rhéteurs ont appelé exemple et enthymème.
  2. Notre auteur rappelle encore ce proverbe (Politic, I. 6, c. 3), mais avec quelque différence d’expression.