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suite la vie sensitive : mais celle-ci encore est commune au cheval, au bœuf, et à tous les animaux. Reste enfin la faculté active de l’être qui a la raison en partage, soit qu’on le considère comme se soumettant aux décisions de la raison, ou comme possédant cette raison même avec la pensée. Or, cette faculté étant susceptible d’être considérée sous deux points de vue[1], admettons d’abord celui sous lequel elle est envisagée comme active, car c’est plus proprement celui-là qui lui donne son nom. Si donc l’œuvre de l’homme est une activité de l’ame, conforme à la raison, ou au moins qui n’en soit pas dépourvue ; et si l’on peut affirmer, qu’outre qu’elle est une œuvre de l’homme en général, elle peut encore être celle de l’homme de bien : comme il y a l’œuvre du musicien, et celle du musicien habile ; et si cette distinction s’applique aux œuvres de toute espèce, ajoutant ainsi à l’œuvre elle-même la différence qui résulte d’une supériorité absolue en mérite ; s’il en est ainsi (disons-nous), et si l’œuvre de l’homme est un certain genre de vie, qui consiste dans l’énergie de l’ame et dans des actions accompagnées de raison, qu’il appartient à l’homme vertueux d’exécuter convenablement, et dont chacune ne peut être accomplie qu’autant qu’elle a la vertu qui lui est propre : il

  1. L’un, comme simple faculté ou puissance, c’est-à-dire, existant même quand on n’en fait aucun usage, comme dans le sommeil, ou dans l’inaction complète ; l’autre, au contraire, comme actuellement agissante.