Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours du même nom ? Car ici la similitude des termes ne semble pas être l’effet du hasard. Est-ce donc que tous les biens ont une source unique, ou concourent à une fin commune ? Ou l’emploi du même terme est-il, dans ce cas, l’effet d’une simple analogie, comme lorsqu’on dit que la vue est pour le corps ce que l’entendement est pour l’ame, et ainsi des autres analogies, dans d’autres cas ? Peut-être, au reste, est-il convenable de renoncer à cette recherche, quant à présent ; car la solution complète de la question semblerait appartenir plus spécialement à quelque autre partie de la philosophie. Il en est de même de l’idée, puisque, si ce qu’on appelle bien, en général, a une existence absolue et indépendante, il est clair que ce ne peut être une chose que l’homme puisse produire ou posséder ; or c’est là ce que l’on cherche.

On pourrait s’imaginer qu’il vaudrait mieux s’attacher à le connaître par comparaison avec ceux des biens qu’on peut ou produire ou acquérir ; car cette connaissance nous offrirait comme un modèle, d’après lequel nous serions plus à même de savoir ce qui est bon pour nous, et, une fois que nous le saurions, de nous en procurer la possession. Cette manière de raisonner a quelque probabilité en sa faveur : mais, d’un autre côté, elle s’accorde peu avec les procédés des sciences ; car toutes, aspirant à quelque bien, et cherchant à satisfaire quelque besoin, négligent entièrement cette connaissance spéculative. Et pourtant il n’est