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chose en général, et démêler complètement la signification du mot bien (ou souverain bien), quoique cette recherche semble exiger de notre part une certaine réserve, à cause de l’amitié qui nous liait avec ceux qui ont introduit la doctrine des idées. Cependant, c’est surtout parce qu’on est philosophe, qu’on doit attacher plus de prix à la vérité, et lui sacrifier même ses propres opinions ; et, entre ces deux objets de respect et d’affection, l’amitié et la vérité, c’est un devoir sacré de préférer la vérité. Or, ceux qui ont proposé ce système ne regardaient point comme des idées les choses dans lesquelles on peut reconnaître un rapport d’antériorité et de postériorité, et prétendaient, par cette raison, qu’il n’y a pas d’idée des nombres : cependant, le mot bien se dit des substances, des qualités et des rapports ; et, dans l’ordre de la nature, la substance, ou ce qui subsiste par soi-même, existe avant quelque rapport que ce soit ; car le rapport semble n’être qu’un accident, et comme un accessoire de l’être ; en sorte qu’il ne saurait y avoir une idée commune pour toutes ces choses. D’ailleurs, le mot bon se dit d’autant de manières que le mot être ; car il s’applique à la substance : par exemple, à Dieu et à l’ame ; à la qualité, quand on le dit des vertus ; à la quantité, quand

    endroits de ses ouvrages. (Voy. Eudem. l. i, c. 8 ; M. M. 1. i, c. i ; Metaphys. 1. 6, c. 14, 1. 16, c. 4 ; Analyt. Poster. 1. i, c. ii).