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élevés et qui ont quelque activité, préfèrent l’honneur et la considération ; car c’est là communément le but de la vie politique. Cependant, il semble trop superficiel, trop peu important, pour satisfaire nos désirs, puisqu’il dépend plutôt de ceux qui accordent les honneurs, que de celui qui les obtient. Au lieu que le souverain bien nous paraît devoir être quelque chose de propre à celui qui le possède, et qu’il est difficile de lui ravir. D’ailleurs, il semble qu’on ne recherche les honneurs que pour se confirmer soi-même dans l’opinion qu’on a de son mérite : aussi ambitionne-t-on la considération des hommes sensés, de qui l’on est connu, et comme un hommage qu’ils doivent à notre vertu ; ce qui prouve évidemment que, même dans l’opinion de l’homme avide d’honneurs, c’est la vertu qui a la prééminence. On pourrait donc supposer que c’est plutôt elle qui est la fin, ou le but, de la vie politique ; mais elle semble encore insuffisante : car on peut supposer que celui qui la possède fût livré au sommeil, ou demeurât dans une entière inaction pendant toute sa vie, et qu’outre cela, il éprouvât de cruelles souffrances, et tombât dans de grandes infortunes : or, assurément personne, à moins que ce ne fût pour sou-

    Aristote, dans un autre endroit (Eudem. 1. i, c. 5), joint au nom de Sardanapale celui du Sybarite Smindyrides, dont le luxe et la mollesse furent si célèbres dans l’antiquité. (Voy. la trad. d’Hérodote, par Mr Miot, liv. vi, chap. 127.)