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plus avantageux. Il est encore vertueux, celui qui se montre docile aux sages avis qu’on lui donne ; mais celui qui, n’ayant aucune connaissance, ne sait pas même recueillir dans son esprit ce qu’il entend dire aux autres, est de tous les mortels le plus incapable et le plus inutile. »

V. Mais, pour revenir à notre sujet, ce n’est pas sans raison que l’on paraît avoir cherché à se faire une idée du souverain bien, ou du bonheur, d’après les divers genres de vie. Le vulgaire et les hommes les plus grossiers l’ont placé dans la volupté : aussi préfèrent-ils à tout la vie qui n’offre que des jouissances. En effet, il y a trois genres de vie, qui se distinguent éminemment entre tous les autres : celle dont je viens de parler, la vie politique et active, et la vie contemplative ou spéculative. On peut regarder comme tout-à-fait servile ce sentiment du vulgaire, qui donne la préférence à la vie purement animale ; et il ne peut guère mériter qu’on en fasse mention qu’à cause de cette foule d’hommes qui, élevés à la puissance et aux dignités, se montrent asservis aux mêmes passions que Sardanapale[1]. Au lieu que les hommes bien

  1. Le dernier des rois d’Assyrie. (Voy. Diodore de Sicile, 1. 2, c. 23 ; et Justin, 1. i, c. 3.)Il fut le plus efféminé des hommes. Son épitaphe, composée par le poète Chærilus, peint ses mœurs et ses sentiments. (Voy. Brunck. Analect. t. I, p. 185.)Un de ses capitaines, nommé Arbactus par Justin, et Arbaces par les écrivains grecs, lui ôta l’empire avec la vie.