Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

produire l’effet que nous venons d’indiquer. Tantôt c’étaient des allégories, des apologues, ou même des énigmes, qui, en occupant l’esprit d’une suite d’images plus étendues, et en lui offrant le plaisir de deviner une vérité importante, sous le voile transparent dont on l’enveloppait, donnaient à cette espèce de découverte le mérite d’une difficulté vaincue, et en rendaient, par là même, l’impression plus vive et le souvenir plus durable.

Chez les Grecs, et surtout chez les Athéniens, la morale fut présentée au peuple sous toutes ces formes diverses. Hipparque, fils de Pisistrate, lorsqu’il eut succédé à l’autorité de son père, voulant répandre parmi le peuple la connaissance des plus sages maximes, les avait fait graver sur des cippes, surmonté par des têtes de Mercure (et qu’on appelait des Hermès) ; il les fit placer au milieu des différents bourgs de L’Attique, et sur les routes qui traversaient la campagne, afin, dit Platon, qui nous a transmis ce fait, que les citoyens, en allant et venant pour leurs affaires ou leurs plaisirs, eussent occasion de s’instruire des préceptes les plus utiles à la conduite de la vie, et de se les rappeler souvent.

Enfin, l’instinct du beau moral, s’il le faut ainsi dire, avait inspiré à ces mêmes Grecs une coutume qui contribua sans doute beaucoup à répandre parmi eux des sentiments généreux, des idées raisonnables et saines sur la plupart des objets de la