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les mêmes causes qui maintinrent si longtemps la tyrannie de Cypsèle ; car il était démagogue aussi ; et, durant tout son règne, il ne voulut jamais avoir de satellites. Périandre était un despote, mais un grand général.

§ 23. Il faut mettre en troisième lieu, après ces deux premières tyrannies, celle des Pisistratides, à Athènes ; mais elle eut des intervalles. Pisistrate, durant sa puissance, fut forcé de prendre deux fois la fuite, et en trente-trois ans, il n’en régna réellement que dix-sept ; ses enfants en régnèrent dix-huit : en tout trente-cinq ans. Viennent ensuite les tyrannies d’Hiéron et de Gélon à Syracuse. Cette dernière ne fut pas longue, et à elles deux, elles durèrent dix-huit années. Gélon mourut dans la huitième année de son règne ; Hiéron régna dix ans ; Thrasybule fut renversé au bout du onzième mois. À tout prendre, la plupart des tyrannies n’ont eu qu’une très courte existence.

§ 24. Telles sont à peu près, pour les gouvernements républicains et pour les monarchies, toutes les causes de ruine qui les menacent ; et tels sont les moyens de salut qui les maintiennent.


§ 1. Chez les Molosses. Voir plus haut, ch. VIII, § 5. Plutarque nous apprend, vie de Pyrrhos, chap. V, que, tous les ans, les rois molosses renouvelaient dans l’assemblée générale du peuple leur serment d’obéir aux lois. Théopompe le tempéra. Voir liv. II, ch. VI, § 5. Platon aussi rapporte à Théopompe l’institution des Éphores ; Lois, III, 174, trad. de M. Cousin. Voir encore ce qu’il dit de la royauté, id., p. 188. Xénophon, au début de son éloge d’Agésilas, loue les rois de Sparte de n’avoir jamais cherché à étendre leur puissance.

§ 2. Périandre de Corinthe. Périandre, fils de Cypsèle, lui succéda, la première année de la XXXVIIIe olympiade, 623 ans avant J : C. Voir plus haut, livre III, ch. VIII, § 3. Ott. Müller, die Dorier, t. I, p. 165, et Diogène de Laërte, vie de Périandre, livre I, page 37. Platon n’a pas meilleure opinion de Périandre et de son habileté de tyran. Voir la République, liv. I, p. 23, trad. de M. Cousin. Déjà nous avons indiqué.Voir le chapitre précédent, § 7. Réprimer toute supériorité. Voir Platon, Républ., livre VIII, page 173, trad. de M. Cousin.

§ 3. Les délatrices. Je n’ai pas cru devoir adopter, contre le témoignage de tous les mauuscrits, la leçon admise par Schneider et Coraï, d’après Budée, p. 321, et qui substituerait des hommes à des femmes dans ce rôle d’espions à Syracuse. Les passages de Plutarque cités par Budée, Traité de la Curiosité, t. VIII, p. 74, édit. Reisk, et dans la Vie de Dion, ch. XXVIII, sont certainement en faveur de la correction ; mais Aristote, beaucoup plus ancien que Plutarque, était aussi beaucoup mieux placé pour connaître l’histoire de Syracuse ; et M. Goettling pense avec raison qu’il vaudrait mieux corriger le texte de Plutarque par celui d’Aristote. Voir Ott. Müller, die Dorier, t. II, p. 159. Comme Hiéron. Hiéron succéda à Gélon, son frère, dans la troisième année de la LXXVe olympiade, 478 ans av. J.-C. Des gens pour tout écouter. Voilà l’origine des espions. Voir Montesquieu, liv. XII, ch. XXIII.

§ 4 D’appauvrir les sujets. Voir la même pensée dans Platon, Républ., liv. VIII, p. 177, traduct. de M. Cousin. Les pyramides d’Égypte. Cette appréciation du but politique des pyramides et d’autres grands travaux de l’antiquité est aussi profonde que réelle. Les monuments sacrés des Cypsélides. Voir plus loin, ch. IX, § 22, et Ott. Müller, die Dorier, t. I, p. 166, et Suidas, au mot Cypsélides. Le temple de Jupiter Olympien. Vitruve, dans la préface de son Traité d’Architecture, parle du temple de Jupiter Olympien. Pausanias en donne la description (in Attica). Ce temple avait quatre stades ou sept cent soixante mètres de tour ; il ne fut achevé que sous le règne de l’empereur Adrien. De Polycrate à Samos. Hérodote, Thalie, ch. LX, décrit ces grands travaux faits à Samos. Polycrate mourut en 522 av. J.— C., après onze ans de règne. Voir le Voyage du Jeune Anacharsis, ch. LXXIV.

§ 6. Le flatteur est en haute estime. Voir plus haut, liv. VI (4e), ch. IV, § 4.

« Un clou chasse l’autre » . Eustathe, citant ce passage, Commentaire sur l’Iliade, à la page 104, dit : « Selon le proverbe cité dans les Républiques » . Ou Eustathe se trompe, ou, de son temps, la Politique ne portait pas le titre qu’elle a aujourd’hui. « Les Républiques, les Constitutions », était le titre de l’ouvrage d’Aristote sur les gouvernements, c’est-à-dire de son Recueil des Constitutions.

§ 7. Le tyran hait donc ces nobles natures. Voir le Gorgias de Platon, page 370, trad. de M. Cousin. D’une profonde perversité. Après ce portrait du tyran, qui vaut bien en réalité et en finesse tout ce qu’on a jamais écrit sur le même sujet, Aristote condamne formellement toutes ces manœuvres de la tyrannie. Ceci est une nouvelle réponse aux accusations si peu fondées dons sa Politique a été l’objet. Voir dans ce livre, ch. IX, § 21, et plus haut, liv. III, ch. VIII, § 1. Si Machiavel avait eu le soin de fairela même réserve qu’Aristote, il n’aurait point passé, grâce peut-être aussi aux calomnies de la cour de Rome, pour un partisan aussi corrompu qu’éhonté de la tyrannie. Il faut dire qu’il avait pourtant consacré ses talents et sa vie entière au service d’une république. Voir plus bas la note du chap. X, § 6, et la préface. Montesquieu a résumé toutes ces théories sur le tyran, en faisant de la crainte le principe du gouvernement despotique ; Esprit des Lois, liv. III, ch. IX.

§ 9. Ainsi toutes les préoccupations… dégradation morale. Schneider, Coraï, M. Goettling ont pensé que cette répétition appartenait non à Aristote, mais à l’un de ses anciens éditeurs. Rien ne démontre l’inexactitude de cette hypothèse.

§ 10. Quant à la seconde. Ceci est le complément de ce qui a été dit plus haut, dans ce chapitre, § 2. Voir ce que dit Montesquieu des mœurs du monarque ; Esprit des Lois, liv. XII, ch. XXVII.

§ 11.