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disposition de l’âme », et la pratique de la sagesse ; ou de répéter telle autre explication tout aussi vague. À de pareilles définitions, je préfère de beaucoup la méthode de ceux qui, comme Gorgias, se sont occupés de faire le dénombrement de toutes les vertus. Ainsi, en résumé, ce que dit le poète d’une des qualités féminines :

Un modeste silence est l’honneur de la femme,

est également juste de toutes les autres ; cette réserve ne siérait pas à un homme. § 9. L’enfant étant un être incomplet, il s’ensuit évidemment que la vertu ne lui appartient pas véritablement, mais qu’elle doit être rapportée à l’être accompli qui le dirige. Le rapport est le même du maître à l’esclave. Nous avons établi que l’utilité de l’esclave s’applique aux besoins de l’existence ; la vertu ne lui sera donc nécessaire que dans une proportion fort étroite ; il n’en aura que ce qu’il en faut pour ne point négliger ses travaux par intempérance ou paresse. § 10. Mais, ceci étant admis, pourra-t-on dire : Les ouvriers aussi devront donc avoir de la vertu, puisque souvent l’intempérance les détourne de leurs travaux ? Mais n’y a-t-il point ici une énorme différence ? L’esclave partage notre vie ; l’ouvrier au contraire vit loin de nous et ne doit avoir de vertu qu’autant précisément qu’il a d’esclavage ; car le labeur de l’ouvrier est en quelque sorte un esclavage limité. La nature fait l’esclave ; elle ne fait pas le cordonnier ou