Page:Aristote - La Politique.djvu/444

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il lui a consacré un livre et demi de son ouvrage, le IVe (7e) et le Ve (8e). Montesquieu lui a donné tout le livre IV de l’Esprit des Lois. Rousseau a fait l’Émile, dont la publication a eu certainement des conséquences politiques très graves, en appelant sur l’éducation la méditation de tous les esprits sérieux. Il est à remarquer que la Convention est le premier gouvernement, en France, qui se soit occupé politiquement de ce sujet, et elle a eu le bonheur de doter le pays de plusieurs des grands établissements d’instruction publique qu’il possède, et de commencer l’instruction primaire. Depuis 1830, on a suivi ses traces, on a réalisé ses vœux, et l’on n’a fait en cela que reconnaître un des principes les plus évidents et les plus essentiels de toute bonne organisation politique. On peut compter parmi les fautes, nécessaires peut-être, de l’ancienne monarchie, mais parmi celles qui ont été le plus funestes, cet abandon presque absolu de l’éducation populaire ; elle n’a jamais pensé à la tourner à son profit. Voir plus bas, ch. IX, § 2.

§ 21. Les fils des hommes au pouvoir. Voir plus haut, dans ce chapitre, des réflexions pareilles sur ce sujet, § 8.

§ 22. La souveraineté du plus grand nombre. Voir plus haut, livre VII (6e), ch. I, §§ 6 et 11.

Euripide. On ne sait de quelle pièce d’Euripide cette expression est tirée.

De stabilité et de salut. Hégewisch, Essai sur les finances de Rome, p. 44, a remarqué qu’on ne citerait dans l’antiquité aucune révolution causée par le mauvais état des finances, source habituelle — et inévitable de bouleversements politiques dans les temps modernes. L’explication de ceci est fort simple : les Etats de l’antiquité étaient en général démocratiques, et la sollicitude que mettait le peuple à surveiller la dépense publique et à se faire rendre des comptes prévenait toute dilapidation. Il est vrai aussi, d’un autre côté, que le crédit, avec ses dangereux attraits, n’avait point encore été imaginé. La remarque d’Hégewisch est parfaitement juste ; l’histoire en prouve toute l’exactitude.


CHAPITRE VIII. Des causes de révolution et de conservation pour les monarchies, royautés ou tyrannies ; différence du roi et du tyran ; les causes de révolution dans les monarchies sont identiques en partie à celles des républiques. Conspirations contre les personnes et contre le pouvoir ; insultes faites par les tyrans ; influence de la peur, et surtout du mépris ; conspirations tramées par ambition de la gloire ; attaques extérieures contre la tyrannie ; attaques de ses propres partisans ; causes de ruine pour la royauté ; dangers de l’hérédité.

§ 1. Il nous reste à voir quelles sont les causes les plus ordinaires de renversement et de conservation pour la monarchie. Les considérations qu’il convient de présenter sur le destin des royautés et des tyrannies, se rapprochent beaucoup de celles que nous avons indiquées à propos des États républicains. La royauté se rapproche de l’aristocratie, et la tyrannie se compose des éléments de l’oligarchie extrême et de la démagogie ; aussi est-elle pour les sujets le plus funeste des systèmes, parce qu’elle est formée de deux mauvais gouvernements, et qu’elle réunit les lacunes et les vices de l’un et de l’autre.

§ 2. Du reste, ces deux espèces de monarchies sont tout opposées, même dès leur point de départ. La royauté est créée par les hautes classes, qu’elle doit défendre contre le peuple, et le roi est pris dans le sein