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§ 22. Dans les démocraties, surtout dans celles qui paraissent constituées le plus démocratiquement, l’intérêt de l’État est tout aussi mal compris, parce qu’on s’y fait une idée très fausse de la liberté. Selon l’opinion commune, les deux caractères distinctifs de la démocratie sont la souveraineté du plus grand nombre et la liberté. L’égalité est le droit commun ; et cette égalité, c’est précisément que la volonté de la majorité soit souveraine. Dès lors, liberté et égalité se confondent dans la faculté laissée à chacun de faire tout ce qu’il veut : « Tout à sa guise », comme dit Euripide. C’est là un bien dangereux système ; car il ne faut pas que l’obéissance constante à la constitution puisse paraître aux citoyens un esclavage ; au contraire, ils doivent y trouver sauvegarde et bonheur.

§ 23. Nous avons donc énuméré d’une manière à peu près complète les causes de révolution et de ruine, de salut et de stabilité, pour les gouvernements républicains.


§ 2. Plus haut. Liv. VI (4e), chapitre X, § 6.

§ 3. Bien des aristocraties. On peut rapprocher de ces théories celles de Montesquieu, Esprit des Lois, liv. V, ch. VIII.

§ 4. Comme je l’ai déjà dit. Voir plus haut, ch. V, § 4. Des minorités violentes. Voir plus haut, liv. VI (4e), ch. V, § 1.

§ 5. Avec un redoublement de sollicitude. Voir Montequieu, Esprit des Lois, liv. VIII, ch. V, qui fait les mêmes remarques.

§ 7. Héréditaire et violent. Voir plus haut, liv. VI (4e), ch. V, § 1.

§ 8. Peu d’accord avec la constitution. C’est ce même motif qui fit créer les censeurs à Rome. Aristote avait deviné, sans avoir d’exemple sous les yeux, toute l’importance qu’une pareille magistrature pouvait exercer dans une république bien gouvernée. Voir Rousseau, Contract social, liv. IV, ch. VII. Platon n’a proposé la censure que pour les magistrats ; mais il a organisé avec beaucoup de soin la responsabilité du pouvoir, dont Aristote n’a point parlé. Voir les Lois, livre XII, p. 346 et suiv., trad. de M. Cousin. À confondre dans une union parfaite… Ceci s’est bien vérifié dans l’histoire de presque tous les Etats modernes, mais surtout en France. Le Tiers état acquit dans l’ombre, et sans que les classes privilégiées et la royauté elle-même y prissent garde, des richesses considérables et des lumières supérieures. Il eût été prudent dès lors de lui accorder une part dans le gouvernement des affaires publiques ; et ce système, pris de loin et suivi avec persévérance, aurait certainement adouci la grande catastrophe où périrent la monarchie et la noblesse. Mais les gouvernements, quelque pressant que soit leur intérêt, voient rarement juste, parce que, sans doute, ils sont trop près de la réalité, et qu’elle leur donne des vertiges. Placée plus haut, la philosophie a le coup d’oeil plus calme ; elle voit le mal, et indique le remède, mais inutilement.

§ 11. Des copies. À Athènes, les comptes de l’Etat étaient gravés sur pierre, et exposés publiquement, comme les décrets du peuple. Voir Boeckh, Econ. Pol. des Ath., liv. II, ch. VIII. On peut trouver des inscriptions de ce genre dans Chandler, Inscript. ant., p. 17 ; Visconti, Mémoires, n° 36 ; L. Elgin, Pursuits in Greece, p. 17 et 18. Les représentations théâtrales. On sait que les citoyens riches faisaient, à Athènes, les frais des chœurs de musique et de danse pour le théâtre. Voir Bceckh, Écon. polit. des Athén., liv. III, ch. XXI. Les fêtes aux flambeaux, id., Econ. polit. des Athén., livre III, ch. XXIII. C’étaient des fêtes où l’on faisait des courses aux flambeaux.. Cicéron paraît avoir fait allusion à ce passage, de Officiis, lib. II, cap. LVI. À l’opinion de Théophraste, qui, dans son livre sur les Richesses, approuve les profusions des citoyens opulents, Cicéron oppose le sentiment d’Aristote qui les blâme. Voir Thurot, p. 347.

§ 12. Sur les pauvres. C’est un soin que le gouvernement royal, en 1789, perdit complétement de vue. Il s’étudia, au contraire, à humilier le Tiers état, les pauvres de l’époque. Le Tiers état fit chèrement payer son humiliation, en se rappelant le 5 mai.

§ 14. Le droit variant. Voir livre III, ch. V, §§, 8, 9 et suiv.

§ 16. Souvent répété. Voir liv. VI (4e), ch. X, § 1 ; voir aussi liv. III, ch. XII, § 5, où des idées analogues ont été exprimées.

§ 17. On le pousse aveuglément à l’excès. Platon a montré admirablementla nécessité de tempérer le principe de l’État, Lois, liv. III, p. 190 et 199, trad. de M. Cousin. voir plus haut, ma préface.

§ 19. Renoncer à prêter des serments. « On lit dans les Politiques d’Aristote que, de son temps, dans quelques villes, on jurait et l’on dénonçait haine au peuple, toute haine au peuple ; cela se fait partout ; mais on y jure le contraire. Cette impudence ne se con çoit pas. » Diderot, Politique des Souverains, § 76. Stobée, Sermo 41, p. 243, nous a conservé le serment tout démocratique que prêtaient les jeunes Athéniens, quand ils étaient inscrits sur le registre civique ; ce serment est fort beau.

§ 20. Le point le plus important. Aristote a si bien senti l’importance politique de l’éducation,