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changée ; et en voulant détruire des lois faites en vue de certaines supériorités politiques, on détruit avec elles la constitution même.

§ 19. Les démocraties et les oligarchies commettent ici une faute également grave. Dans les démocraties oit la foule peut faire souverainement les lois, les démagogues, par leurs attaques continuelles contre les riches, divisent toujours la cité en deux camps, tandis qu’ils devraient dans leurs harangues ne paraître préoccupés que de l’intérêt des riches ; de même que, dans les oligarchies, le gouvernement ne devrait sembler avoir en vue que l’intérêt du peuple. Les oligarques devraient surtout renoncer à prêter des serments comme ceux qu’ils prêtent aujourd’hui ; car voici les serments que de nos jours ils font dans quelques États : « JE SERAI L’ENNEMI CONSTANT DU PEUPLE ; JE LUI FERAI TOUT LE MAL QUE JE POURRAI LUI FAIRE. » Il faudrait concevoir la chose d’une façon tout opposée, et en prenant un masque tout différent, dire hautement dans les serments de ce genre : « JE NE NUIRAI JAMAIS AU PEUPLE. »

§ 20. Le point le plus important de tous ceux dont nous avons parlé pour la stabilité des États, bien que de nos jours il soit partout négligé, c’est de conformer l’éducation au principe même de la constitution.