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de blesser dans leurs préjugés de considération les citoyens qui y prétendent, et les masses, dans leurs intérêts matériels ; surtout conservant entre eux et parmi tous ceux qui prennent part à l’administration des formes toutes démocratiques ; car, entre égaux, ce principe d’égalité que les démocrates croient trouver dans la souveraineté de la majorité, n’est pas seulement juste, il est encore utile.

§ 4. Si donc les membres de l’oligarchie sont nombreux, il sera bon que plusieurs des institutions qui la régissent soient toutes populaires ; que, par exemple, les magistratures ne durent que six mois, pour que tous les oligarques égaux entre eux puissent les exercer tour à tour. Par cela seul qu’ils sont égaux, ils forment une sorte de peuple ; et ceci est si vrai, qu’il peut s’élever parmi eux, comme je l’ai déjà dit, des démagogues. Cette courte durée des fonctions est de plus un moyen de prévenir, dans les aristocraties et dans les oligarchies, la domination des minorités violentes. Quand on reste peu de temps en fonctions, il n’est pas aussi facile d’y faire le mal que quand on y demeure longtemps. C’est uniquement la durée trop prolongée du pouvoir qui amène la tyrannie dans les États oligarchiques et démocratiques. Ou bien, de part et d’autre, ce sont des citoyens puissants qui visent à la tyrannie : ici les démagogues, là les membres de la minorité héréditaire ; ou bien ce sont des magistrats investis de quelque grand pouvoir, après qu’ils en ont joui longtemps.

§ 5. Les États se conservent, non pas seulement