Page:Aristote - La Politique.djvu/426

Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis, en second lieu, lorsque des hommes éminents, et qui ne le cèdent en mérite à qui que ce soit, sont outragés par des gens placés au-dessus d’eux : tel fut Lysandre, qu’offensèrent les rois de Lacédémone. Enfin, quand on repousse de toute fonction un homme de cœur, comme Cinadon, qui tenta ce hardi coup de main contre les Spartiates, sous le règne d’Agésilas. La révolution, dans les aristocraties, naît aussi de la misère extrême des uns, de l’opulence excessive des autres ; et ce sont là les conséquences assez habituelles de la guerre. Telle fut encore la situation de Sparte durant les guerres de Messénie, comme l’atteste le poème de Tyrtée nommé l’Eunornie. Quelques citoyens ruinés par la guerre avaient demandé le partage des immeubles. Parfois, la révolution a lieu dans l’aristocratie, parce qu’il y a quelque citoyen qui est puissant, et qui prétend le devenir encore davantage, pour s’emparer de tout le pouvoir à son profit. C’est ce que tenta, dit-on, à Sparte, Pausanias, général en chef de la Grèce durant la guerre Médique, et Hannon, à Carthage.

§ 3. Le mal le plus funeste à l’existence des républiques et des aristocraties, c’est l’infraction du droit politique tel que le reconnaît la constitution même. Ce qui cause la révolution alors, c’est que, pour la république, l’élément démocratique et l’élément oligarchique ne se trouvent pas en proportion convenable ; et, pour l’aristocratie, que ces deux éléments et le mérite sont mal combinés. Mais la désunion se prononce surtout entres les deux premiers éléments, je veux dire la démocratie et l’oligarchie, que cherchent à réunir les républiques et la plupart des aristocraties.

§ 4. La fusion absolue de ces trois éléments est précisément ce qui rend les aristocraties différentes de ce qu’on appelle les républiques, et leur donne plus ou moins de stabilité ; car on range parmi les aristocraties tous les gouvernements qui inclinent à l’oligarchie, et parmi les républiques, tous ceux qui inclinent à la