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C’était toujours en gagnant la confiance du peuple que tous arrivaient à leur but ; et le moyen de la gagner, c’était de se déclarer l’ennemi des riches. Voyez Pisistrate, à Athènes, quand il excita la sédition contre les gens de la Plaine ; voyez Théagène, à Mégare, après qu’il eut égorgé les troupeaux des riches, qu’il surprit sur les bords du fleuve. En accusant Daphnæus et les riches, Denys parvint à se faire décerner la tyrannie. La haine qu’il avait vouée aux citoyens opulents lui gagna la confiance du peuple, qui le prit pour son ami le plus sincère.

§ 6. Parfois, une forme plus nouvelle de démocratie se substitue à l’ancienne. Quand les emplois sont à l’élection populaire et sans aucune condition de cens, les gens qui sont au pouvoir se font démagogues, et ils appliquent tous leurs soins à rendre le peuple souverain absolu, même des lois. Pour prévenir ce mal, ou du moins pour le rendre plus rare, on peut faire voter les tribus séparément pour la nomination des magistrats, au lieu de réunir le peuple en assemblée générale.

§ 7. Telles sont donc à peu près toutes les causes qui amènent des révolutions dans les États démocratiques.


§ 1. Dans la démocratie. Voir Montesquieu, Esprit des Lois, livre VIII, chapitre II et suiv. La turbulence des démagogues. Voir livre VI (4e), ch. iv, § 5, le portrait du démagogue.

§ 2. À Cos. Cos, patrie d’Hippocrate. Voir Ott. Müller, die Dorier, t. I, p. 109 ; et Hérodote, Polymnie, ch. CLXIII, p. 364. édit. Firmin Didot. À Rhodes. Voir ci-dessus quelques détails fort courts sur Rhodes, dans ce livre, ch. II, § 5. À Héraclée du Pont. Voir plus bas, ch. v, § 5, et Ott. Müller, die Dorier, t. II, p. 171. L’événement dont il est ici question paraît appartenir à la première année de la CIXe olympiade, 364 ans avant J.-C.

§ 3. Mégare. Voir plus haut, dans ce livre, ch. ii, § 6. À Cume. Aristote veut sans doute parler de Cume en Æolide. Il y avait plusieurs villes du même nom, et notamment celle qui est près de Naples. Voir liv. II, ch. v, § 12.

§ 4. Démagogue en général. Cette observation sur l’importance des talents militaires s’est, depuis Aristote, vérifiée bien des fois. Cromwell et Napoléon, pour ne citer que deux exemples, n’ont pu usurper que parce qu’ils étaient l’un et l’autre les personnages les plus importants de l’armée.

§ 5. Le prytanée de Milet. Je ne sais si le fait rapporté par Diod. de Sic., liv. XII, ch. XXVII, p. 429, éd. Firmin Didot, troisième année de la XCIIIe olympiade, n’a point rapport à celui qui est indiqué ici. Les gens de la Plaine. Les habitants de l’Attique se divisaient en trois classes : gens du littoral, gens de la plaine, gens de la montagne. Voir Hérodote, Clio, chapitre LIX, p. 18, édit. Firmin Didot. Théagène. Aristote en parle encore, Rhétor., liv. I, ch. ii, § 21, p. 29 de ma traduction. Voir ci-dessus, même livre, ch. § 8. Cylon, qui tenta de s’emparer de la tyrannie à Athènes, était gendre de Théagène. (Thucydide, liv. I, ch. CXXVI, p. 47, édit. Firmin Didot.) Denys. Voir Diod. de Sic., liv. VIII, ch. 96, § 4, p. 532, édition Firmin Didot. Daphnæus était général des Syracusains ; Denys le fit assassiner, la troisième année de la XCIIIe olympiade, 360 ans avant Jésus-Christ.

§ 6. Même des lois. Voir livre VI (4e), ch. iv, § 4.