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pour renverser la démocratie.

§ 6. À Syracuse, le peuple, qui avait seul remporté la victoire sur les Athéniens, substitua la démocratie à la république. À Chalcis, le peuple s’empara du pouvoir, aussitôt après avoir tué le tyran Phoxus en même temps que les nobles. À Ambracie, le peuple chassa également le tyran Périandre avec les conjurés qui conspiraient contre lui, et s’investit lui-même de tout le pouvoir.

§ 7. Il faut bien savoir qu’en général, tous ceux qui ont acquis à leur patrie quelque puissance nouvelle, particuliers ou magistrats, tribus ou telle autre partie, quelle qu’elle soit, de la cité, deviennent pour l’État une cause de sédition. Ou l’on s’insurge contre eux par jalousie de leur gloire, ou bien eux-mêmes, enorgueillis de leurs succès, cherchent à détruire l’égalité, dont ils ne veulent plus. Une autre source de révolutions, c’est l’égalité même de forces entre les parties de l’État qui semblent ennemies les unes des autres, entre les riches et les pauvres, par exemple, lorsqu’il n’y a point du tout entre eux de classe moyenne, ou que du moins cette classe est trop peu nombreuse. Mais du moment qu’une des deux parties a une supériorité incontestable et parfaitement évidente, l’autre se garde d’affronter inutilement