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9. Dans les républiques, la brigue suffit pour amener, même sans mouvement tumultueux, le changement de la constitution. À Hérée, par exemple, on abandonna la voie de l’élection pour celle du sort, parce que la première n’avait jamais amené que des intrigants au pouvoir. La négligence aussi peut causer des révolutions, lorsqu’on la pousse jusqu’à laisser tomber le pouvoir aux mains d’hommes ennemis de l’État. À Orée, l’oligarchie fut renversée par cela seul qu’Héracléodore avait été élevé au rang des magistrats ; il substitua la république et la démocratie au système oligarchique. Quelquefois la révolution s’accomplit par suite des plus petits changements ; et je veux dire par là que les lois peuvent subir une altération capitale par un fait qu’on regarde comme sans importance, et qu’on aperçoit à peine. À Ambracie, par exemple, le cens d’abord était fort léger ; à la fin on l’abolit entièrement, sous prétexte qu’un cens aussi faible ne différait pas, ou du moins différait fort peu, de l’absence totale de cens.

§ 10. La diversité d’origine peut aussi produire des révolutions jusqu’à ce que le mélange des races soit complet ; car l’État ne peut pas plus se former du premier peuple venu, qu’il ne se forme dans une circonstance quelconque. Le plus souvent, ces changements politiques ont été causés par l’admission au droit de