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lorsque la majorité exclue de toute fonction publique sent la supériorité de ses forces ; dans la démocratie, lorsque les riches s’insurgent par dédain de la turbulence populaire et de l’anarchie. À Thèbes, après le combat des Œnophytes, le gouvernement démocratique fut renversé, parce que l’administration était détestable ; à Mégare, la démagogie fut vaincue par sa propre anarchie et ses désordres. Autant en advint à Syracuse, avant la tyrannie de Gélon ; et à Rhodes, avant la Défection.

§ 7. L’accroissement disproportionné de quelques classes de la cité cause aussi des bouleversements politiques. C’est comme le corps humain, dont toutes les parties doivent se développer proportionnellement, pour que la symétrie de l’ensemble continue de subsister ; ou bien elle courrait risque de périr, si le pied venait à croître de quatre coudées, et le reste du corps de deux palmes seulement. L’être pourrait même complètement changer d’espèce, s’il se développait sans proportion, non pas seulement de dimensions, mais encore d’éléments constitutifs. Le corps politique se compose également de parties diverses, dont quelques-unes prennent souvent, en secret un développement dangereux : par exemple, la classe des pauvres dans les démocraties et les républiques.