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trouvera des masses de pauvres. Il est dangereux de prétendre constituer l’égalité réelle ou proportionnelle dans toutes ses conséquences ; les faits sont là pour le prouver. Les gouvernements établis sur ces bases ne sont jamais solides, parce qu’il est impossible que, de l’erreur qui a été primitivement commise dans le principe, il ne sorte point à la longue un résultat vicieux. Le plus sage est de combiner ensemble, et l’égalité suivant le nombre, et l’égalité suivant le mérite.

§ 9. Quoi qu’il en soit, la démocratie est plus stable et moins sujette aux bouleversements que l’oligarchie. Dans les gouvernements oligarchiques, l’insurrection peut naître de deux côtés, de la minorité qui s’insurge contre elle-même ou contre le peuple ; dans les démocraties, elle n’a que la minorité oligarchique à combattre. Le peuple ne s’insurge jamais contre lui-même, ou du moins, les mouvements de ce genre sont sans importance. La république où domine la classe moyenne, et qui se rapproche de la démocratie plus que ne le fait l’oligarchie, est aussi le plus stable de tous ces gouvernements.


§ 1. À peu près épuisées. Voir le début des livres II, V (8e) et VII (6e). Cette assertion si claire, par laquelle s’ouvre ce livre, me paraît confirmer une fois de plus et pleinement l’ordre que j’ai adopté. Aristote a traité presque toutes les parties de son sujet ; il ne lui reste en effet qu’à parler des révolutions. Voir l’Appendice, où cette question est discutée longuement, et où l’ordre nouveau me semble tout à fait justifié et démontré.

§ 2. Nous avons déjà indiqué. Voir plus haut, liv. III, ch. v, § 8et suiv. La même pensée se retrouve dans plusieurs passages.

§ 3. Raisonnable que pour eux. Aristote a déjà plusieurs fois ex-primé cette pensée. Il a toujours fait les réserves les plus formelles pour le mérite et pour le génie, qui lui paraissent des exceptions trop rares et trop belles, pour que la société n’en fasse pas une estime toute particulière. L’expérience de tous les temps est d’accord avec la théorie du philosophe. Les titres de la capacité n’ont jamais été régulièrement, légalement reconnus ; mais l’histoire est là pour attester qu’en fait ils ont été rarement méprisés. Voir un passage tout à fait analogue, liv. III, ch. viii, § 1. La richesse de leurs ancêtres. Aristote fait ici fort bon marché des droits de la naissance et de la noblesse. Voir livre I, chapitre II, § 19, et livre VI (4e), chapitre VII, § 5.

§ 5. Lysandre. Le projet de Lysandre était de substituer l’élection à l’hérédité pour la dignité royale, et de renverser ainsi la famille des Héraclides. Des poursuites commencées contre lui ne purent fournir des preuves suffisantes. Lysandre mourut sept ans après, dans un combat contre les Béotiens, la première année de la XCVIe olympiade, 396 av. J : C. Voir Diod. de Sicile, liv. XIV, ch. XIII p. 555 et suiv., éd. Firmin Didot, et Ott. Müller, die Dorien, t. II, p. 409. Pausanias, l’Bphorie. Le vrai crime de Pausanias fut d’avoir conspiré contre la liberté de Sparte et de la Grèce, avec le grand-roi. Voir Thucyd., livre I, chap. cxxviii-cxxxv. Pausanias mourut la quatrième année de la LXXVe olympiade, 477 avant J.-C. Voir Diod. de Sicile, livre XI, chap. XLV, § 7, p. 384, éd. de Firmin Didot.

§ 6. À Épidamne,. Voir plus haut, liv. III, ch. II, § 1, et Ott. Müller, die Dorien, t. II, p. 156. En assemblée générale. D’après l’expression du texte, Chalcondyle et plusieurs commentateurs ont pensé qu’il s’agissait ici de la place Héliée, à Athènes. Du moins Chalcondyle a mis dans le manuscrit 2023 une glose marginale, où il explique ce qu’était à Athènes le tribunal des héliastes. C’est une erreur ; il ne peut pas être ici question d’Athènes, qui n’a jamais eu d’archonte unique. M. Ott. Müller et M. Goettling ont pensé avec raison qu’il s’agissait de l’assemblée générale des citoyens, qui, dans toutes les républiques Doriennes, s’appelait du nom dont se sert Aristote. Voir Ott. Müller, die Dorier, t. II, pages 86 et 156, et M. Goettling, p. 390.

§ 7. Est double. Cette distinction, très importante en politique comme ailleurs, est de Platon ; voir les Lois, liv. VI, p. 317. Je l’ai déjà dit plus haut. Voir ci-dessus, dans ce chapitre, § 1, et les passages auxquels celui-là renvoie.

§ 9. La classe moyenne. Voir, liv. VI (4e), ch. ix, toute la théorie d’Aristote sur l’importance et les vertus politiques de la classe moyenne. Voir aussi ma préface et ma discussion sur ce point.