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de plus distingué parmi le peuple soit ainsi admis à participer au pouvoir.

§ 2. Il faut resserrer un peu ces bases pour obtenir l’oligarchie qui succède à cette première espèce. Quant à la nuance oligarchique qui répond à la dernière nuance de la démocratie, et qui, comme elle, est la plus violente et la plus tyrannique, ce gouvernement exige d’autant plus de prudence qu’il est plus mauvais. Les corps sainement constitués, les navires bien construits et montés par des marins habiles, peuvent endurer, sans crainte de périr, les fautes les plus graves ; mais les corps maladifs, les navires déjà fatigués et abandonnés à des matelots ignorants, ne peuvent au contraire supporter les moindres erreurs. De même pour les constitutions politiques : plus elles sont mauvaises, plus elles exigent de précautions.

§ 3. En général, les démocraties trouvent leur salut dans l’abondance même de leur population. Le droit du nombre y remplace le droit du mérite. L’oligarchie, au contraire, ne peut vivre et se sauver que par le bon ordre. La masse presque entière du peuple se composant de quatre classes principales : les laboureurs, les artisans, les mercenaires, les commerçants ; et quatre espèce d’armes aussi étant nécessaires à la guerre : la cavalerie, les hoplites, l’infanterie légère et la marine, dans un pays naturellement propre à l’élève des chevaux, l’oligarchie peut sans peine se constituer très puissamment ; car la cavalerie, qui fait alors la force et la sécurité nationales, exige toujours pour son entretien