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pour les États, on peut essayer de tirer de cet examen des garanties de stabilité politique, en écartant avec soin toutes les chances de dissolution et en ne faisant que des lois, formelles ou tacites, qui toutes renferment les principes sur lesquels repose la durée des États. Il faut se bien garder encore de prendre pour démocratique ou oligarchique tout ce qui renforcera, dans le gouvernement, le principe de la démocratie ou de l’oligarchie ; on doit s’attacher bien plutôt à ce qui fera vivre l’État le plus longtemps possible.

§ 2. Aujourd’hui pour plaire au peuple, les démagogues font prononcer des confiscations énormes par les tribunaux. Quand on aime l’État qu’on dirige, on prend un système tout opposé ; et l’on fait passer en loi que les biens des condamnés pour crimes de haute trahison ne reviendront jamais au trésor public, mais qu’ils seront consacrés aux dieux. C’est le moyen d’amender également les coupables, qui n’en sont pas moins punis, et d’empêcher la foule, qui n’y doit rien gagner, de condamner si fréquemment les accusés soumis à sa juridiction. Il faut en outre prévenir la multiplicité de ces jugements publics, en portant de fortes amendes contre ceux qui échouent dans leurs accusations ; car d’ordinaire les accusateurs s’en prennent à la classe distinguée plutôt qu’aux gens du peuple. Or il faut que tous les citoyens soient attachés le plus possible à