Page:Aristote - La Politique.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

tous les membres du gouvernement étaient des cavaliers ; car la cavalerie faisait alors toute la force des armées et assurait le succès dans les combats. De fait, l’infanterie, quand elle est sans discipline, est de peu de secours. Dans ces temps reculés, on ne connaissait point encore par expérience toute la puissance de la tactique pour les fantassins, et l’on plaçait toutes ses ressources dans la cavalerie.

§ 11. Mais à mesure que les États s’étendirent, et que l’infanterie prit plus d’importance, le nombre des hommes jouissant des droits politiques s’accrut dans une égale proportion. Aussi, nos ancêtres appelaient-ils démocratie ce que nous nommons aujourd’hui république. Ces antiques gouvernements étaient, à vrai dire, des oligarchies ou des royautés ; les hommes y étaient trop rares pour que la classe moyenne y fût considérable. Peu nombreux, et soumis d’ailleurs à un ordre sévère, ils savaient supporter mieux le joug de l’obéissance.

§ 12. En résumé, nous avons vu pourquoi les constitutions sont si multiples, pourquoi il en existe encore d’autres que celles que nous avons nommées, la démocratie, ainsi que le reste des gouvernements, ayant beaucoup de nuances diverses ; nous avons ensuite étudié les différences de ces constitutions et les causes qui les amènent ; enfin nous avons vu quelle était la forme politique la plus parfaite, à parler d’une manière générale, et quelle était la meilleure relativement aux peuples à constituer.


§ 2. Avec toutes ses combinaisons diverses. Voir plus haut, ch. IV, §1.

§ 5. En accordant trop aux riches. Il est difficile, après une déclaration aussi nette, de comprendre comment Rousseau a pu se tromper sur la véritable pensée d’Aristote ; Contrat Social, liv. III, ch. V.

§ 6. Les exercices du gymnase. Nous ne sentons plus cette importance politique que les anciens législateurs attachaient à la gymnastique. Les gouvernements s’inquiètent aujourd’hui fort peu que les populations naissent contrefaites et rachitiques. L’hygiène publique est, de nos jours, une affaire de police dont on s’occupe à peine ; chez les anciens, c’était une affaire constitutionnelle. La force physique est peut-être moins nécessaire dans la civilisation actuelle ; mais la santé l’est toujours autant. Au reste, dans tout ce qui touche à l’individu, les droits du gouvernement, jadis si étendus, sont aujourd’hui à peu près nuls ; et c’est peut-être un malheur. On ne peut douter que, si la gymnastique venait à renaître réellement parmi nous, comme semblent l’annoncer quelques essais fort louables, la loi ne dùt en régler l’usage dans les établissements publics, comme elle a réglé le cours des études dans les lycées, et certains exercices corporels dans les écoles militaires.

§ 6. Dans les Lois de Charondas. Voir liv. II, ch. IX, § 5.

§ 8. Que de citoyens armés. L’État ne pouvait vivre autrement, menacé au dedans par les esclaves qu’il renfermait, au dehors par ses voisins jaloux.

§ 10. À Malie. Les Maliens habitaient près du mont Œta, sur les bords du Sperchius ; ils étaient renommés pour leur courage ; et leur adresse comme frondeurs n’était pas moins célèbre. Voir Ott. Müller, die Dorier, t. I, p. 43.

§ 11. La classe moyenne. Le même phénomène s’est reproduit dans nos sociétés modernes ; la classe moyenne s’y est constamment accrue ; et le gouvernement est d’autant plus stable qu’elle est plus nom breuse.