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gouvernements, celui qu’on appelle vulgairement la république, et la tyrannie. Si je place ici la république, bien qu’elle ne soit pas, non plus que les aristocraties dont je viens de parler, un gouvernement dégradé, c’est qu’à vrai dire tous les gouvernements sans exception ne sont que des corruptions de la constitution parfaite. Mais on classe ordinairement la république avec ces aristocraties ; et elle donne, comme elles, naissance à d’autres formes encore moins pures, ainsi que je l’ai dit au début. La tyrannie doit nécessairement recevoir la dernière place, parce qu’elle est moins que toute autre forme politique un vrai gouvernement, et que nos recherches ont pour but l’étude des gouvernements.

§ 2. Après avoir indiqué les motifs de notre classification, passons à l’examen de la république. Nous en sentirons mieux le véritable caractère, après l’examen que nous avons fait de la démocratie et de l’oligarchie ; car la république n’est précisément que le mélange de ces deux formes. On a coutume de donner le nom de république aux gouvernements qui inclinent à la démocratie, et celui d’aristocratie, aux gouvernements qui inclinent à l’oligarchie ; c’est que le plus ordinairement les lumières et la noblesse sont le partage des riches ; ils sont comblés en outre de ces avantages que d’autres achètent si souvent par le crime, et qui assurent à leurs possesseurs un renom de vertu et une haute considération.

§ 3. Comme le système aristocratique a pour but de donner la suprématie politique à des citoyens éminents,