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puissance, et les riches nomment eux-mêmes parmi les autres citoyens ceux qui entrent dans les emplois du gouvernement. Trop peu puissants encore pour régner sur la loi, ils le sont assez cependant pour faire rendre la loi qui leur accorde ces immenses prérogatives.

§ 8. En concentrant encore dans un moindre nombre de mains les fortunes devenues plus grandes, on arrive au troisième degré de l’oligarchie, où les membres de la minorité occupent personnellement les fonctions, mais conformément à la loi qui les rend héréditaires. En supposant pour les membres de l’oligarchie un nouvel accroissement dans leurs richesses et dans le nombre de leurs partisans, ce gouvernement héréditaire est tout près de la monarchie. Les hommes y règnent, et non plus la loi. Cette quatrième forme de l’oligarchie correspond à la dernière forme de la démocratie.

§ 9. À côté de la démocratie et de l’oligarchie, il existe deux autres formes politiques, dont l’une est reconnue par tous les auteurs, et a été reconnue par nous aussi, pour faire partie des quatre principales constitutions, en admettant, suivant l’opinion commune, que ces constitutions soient la monarchie, l’oligarchie, la démocratie et ce qu’on appelle l’aristocratie. Une cinquième forme politique est celle qui reçoit le nom générique de toutes les autres, et qu’on nomme communément République ; comme elle est fort rare, elle échappe souvent aux auteurs qui prétendent énumérer les espèces diverses de gouvernements, et qui ne reconnaissent que les quatre qui viennent d’être nommées plus haut, comme Platon l’a fait dans ses deux Républiques.