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Telles sont les formes diverses d’oligarchie et de démocratie. Il faut toutefois ajouter ici une observation importante : c’est que souvent, sans que la constitution soit démocratique, le gouvernement, par la tendance des mœurs et des esprits, est populaire ; et réciproquement en d’autres cas, bien que la constitution légale soit plutôt démocratique, la tendance des mœurs et des esprits est oligarchique. Mais cette discordance est presque toujours le résultat d’une révolution. C’est qu’on se garde de brusquer les innovations ; on préfère se contenter d’abord d’empiétements progressifs et peu considérables ; on laisse bien subsister les lois antérieures ; mais les chefs de la révolution n’en sont pas moins les maîtres de l’État.

§ 3. C’est une conséquence évidente des principes posés précédemment, qu’il n’y ait ni plus ni moins d’espèces d’oligarchies et de démocraties que nous ne l’avons dit. En effet, il y a nécessité que les droits politiques appartiennent, ou bien à toutes les parties du peuple énumérées plus haut, ou bien seulement à quelques-unes d’entre elles, à l’exclusion des autres. Quand les agriculteurs et les gens de moyenne fortune sont souverains de l’État, l’État doit être régi par la loi, puisque les citoyens, occupés des travaux qui les font vivre, n’ont pas le loisir de vaquer aux affaires publiques ; ils s’en remettent donc à la loi, et ne se réunissent en assemblée politique que dans les cas tout à fait indispensables. Du reste, le droit politique appartient