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yeux, tout État ne se forme que pour satisfaire les besoins matériels et non point éminemment dans un but moral, qui n’est pas plus indispensable sans doute, selon Platon, que des cordonniers et des laboureurs.

§ 13. Socrate ne veut même de la classe des guerriers qu’au moment où l’État, venant à accroître son territoire, se trouve en contact et en guerre avec les peuples voisins. Mais parmi ces quatre associés, ou plus, qu’énumère Platon, il faut absolument un individu qui rende la justice, et qui règle les droits de chacun ; et si l’on reconnaît que, dans l’être animé, l’âme est la partie essentielle plutôt que le corps, ne doit-on pas aussi reconnaître qu’au-dessus de ces éléments nécessaires à la satisfaction des besoins inévitables de l’existence, il y a dans l’État la classe des guerriers et celle des arbitres de la justice sociale ? À ces deux-là, ne doit-on pas ajouter encore la classe qui décide des intérêts généraux de l’État, attribution spéciale de l’intelligence politique ? Que toutes ces fonctions soient isolément réparties entre certains individus, ou exercées toutes par les mêmes mains, peu importe à notre raisonnement ; car souvent les fonctions de guerrier et de laboureur se trouvent réunies ; mais s’il faut admettre comme éléments de l’État les uns et les autres, l’élément guerrier n’est certainement pas le moins nécessaire.

§ 14. J’en ajoute un septième qui contribue par sa fortune aux services publics, ce sont les riches ; puis un huitième, ce sont les administrateurs de l’État,