Page:Aristote - La Politique.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

4. Il semble qu’on pourrait reconnaître deux espèces principales dans ces parties, de même qu’on reconnaît deux sortes principales de vents : ceux du nord et ceux du midi, dont les autres ne sont que des dérivations. En politique, ce serait la démocratie et l’oligarchie ; car on suppose que l’aristocratie n’est qu’une forme de l’oligarchie, avec laquelle elle se confond, comme ce qu’on nomme république n’est qu’une forme de la démocratie, de même que parmi les vents, le vent d’ouest dérive du vent du nord ; le vent d’est, du vent du midi. Des auteurs ont même poussé la comparaison plus loin. Dans l’harmonie, disent-ils, on ne reconnaît que deux modes fondamentaux, le dorien et le phrygien ; et dans ce système, toutes les autres combinaisons se rapportent alors à l’un ou à l’autre de ces deux modes.

§ 5. Nous laisserons de côté ces divisions arbitraires des gouvernements qu’on adopte trop souvent, préférant celle que nous en avons donnée nous-même, comme plus vraie et plus exacte. Pour nous, il n’y a que deux constitutions, ou même une seule constitution bien combinée, dont toutes les autres dérivent en dégénérant. Si tous les modes, en musique, dérivent d’un mode parfait d’harmonie, toutes les constitutions dérivent de la constitution modèle ; oligarchiques, si le pouvoir y est plus concentré et plus despotique ; démocratiques, si les ressorts en sont plus relâchés et plus doux.