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§ 5. À cette indispensable connaissance du nombre et des combinaisons possibles des diverses formes politiques, il faut joindre une égale étude, et des lois qui sont en elles-mêmes les plus parfaites, et de celles qui sont le mieux en rapport avec chaque constitution ; car les lois doivent être faites pour les constitutions, tous les législateurs reconnaissent bien ce principe, et non les constitutions pour les lois. La constitution dans l’État, c’est l’organisation des magistratures, la répartition des pouvoirs, l’attribution de la souveraineté, en un mot, la détermination du but spécial de chaque association politique. Les lois au contraire, distinctes des principes essentiels et caractéristiques de la constitution, sont la règle du magistrat dans l’exercice du pouvoir, et dans la répression des délits qui portent atteinte à ces lois.

§ 6. Il est donc absolument nécessaire de connaître le nombre et les différences de chacune des constitutions, ne fût-ce même que pour pouvoir porter des lois ; en effet, les mêmes lois ne sauraient convenir à toutes les oligarchies, à toutes les démocraties, la démocratie et l’oligarchie ayant chacune plus d’une espèce et n’étant pas uniques.


§ 1. Le pédotribe. Voir plus haut, livre V, ch. IV, § 5. § 2. Le législateur et le véritable homme d’État. Il faut remarquer la profondeur toute pratique de ces conseils.

§3. Des constitutions inexécutables. Aristote veut désigner Platon, sans doute, et peut-être aussi Xénophon, dans les lignes suivantes. § 5. Les lois, au contraire. Aristote distingue ici fort nettement la constitution et les lois particulières, qui en découlent. Montesquieu, inspiré par le philosophe grec, bien que peut-être à son propre insu, a traité fort longuement ce très grave sujet. Rousseau n’en a pas dit un mot, parce qu’il n’a pensé qu’à une seule espèce de constitution, et qu’exagérant encore les idées des anciens, il n’a cherché que le gouvernement modèle, sans s’occuper des faits, c’est-à-dire des diverses constitutions possibles et réelles. Il a trop négligé l’histoire.