Page:Aristote - La Politique.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’autres harmonies attendrissent le cœur, et celles-là sont les moins graves ; entre ces extrêmes, une autre harmonie procure surtout à l’âme un calme parfait, et c’est le mode dorien, qui semble seul donner cette impression ; le mode phrygien, au contraire, nous transporte d’enthousiasme.

§ 9. Ces diverses qualités de l’harmonie ont été bien comprises par les philosophes qui ont traité de cette partie de l’éducation, et leur théorie ne s’appuie que sur le témoignage même des faits. Les rythmes ne varient pas moins que les modes : les uns calment l’âme, les autres la bouleversent ; et les allures de ces derniers peuvent être ou plus vulgaires ou de meilleur goût. Il est donc impossible, d’après tous ces faits, de ne pas reconnaître la puissance morale de la musique ; et puisque cette puissance est bien réelle, il faut nécessairement faire entrer aussi la musique dans l’éducation des enfants.

§ 10. Cette étude même est en parfaite analogie avec les dispositions de cet âge, qui ne souffre jamais patiemment ce qui lui cause de l’ennui, et la musique par sa nature n’en apporte jamais. L’harmonie et le rythme semblent même des choses inhérentes à la nature humaine ; et des sages n’ont pas craint de soutenir que l’âme n’était qu’une harmonie, ou que tout au moins elle était harmonieuse.


§ 2. Musée, poète qui vivait quatre ou cinq siècles au moins avant Aristote. Il ne faut pas le confondre avec un autre poète du même nom, qui est beaucoup plus récent que le siècle d’Alexandre, et dont il nous reste le petit poème d’Héro et Léandre.

§ 5. Olympus vivait, à ce qu’on croit, vers le Xe siècle avant J.-C.

§ 7. Pauson… Polygnote. Polygnote de Thasos et Pauson d’Éphèse étaient un peu antérieurs au temps d’Aristote.

§ 8. Mixolydien. Voir, pour tout ce qui concerne la musique ancienne, l’excellente dissertation de Boeckh dans ses notes sur Pindare, IIe partie du Ier volume, p. 203 à 269. Le mixolydien se distinguait en grave et en aigu, et répondait à notre la naturel et à notre la dièse. Le mode dorien.. Pour la musique dorienne, voir plus loin, livre VI (4), chapitre III, § 4, et Ott. Millier, die Dorier, tome II, p. 316.

§ 9. Les philosophes qui ont traité… Aristote a sans doute en vue les travaux de l’école pythagoricienne, et aussi les travaux fort savants dont la musique était de son temps devenue l’objet, surtout dans son école. Voir plus loin, ch. VII, § 3.

§ 10. Et des sages… Aristote, ici, semble approuver en quelque sorte cette opinion ; mais il l’a combattue tout au long dans le Traité de l’Ame, liv. I, ch. IV, § 1. Une harmonie. Voir le Phédon de Platon, p 250 et suiv. traduction de M.