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sur les objets qu’elle doit embrasser, et l’on est fort loin de s’entendre unanimement sur ce que les jeunes gens doivent apprendre pour arriver à la vertu et à la vie la meilleure. On ignore même s’il faut s’occuper davantage à former l’intelligence ou à former le cœur.

§ 4. Le système actuel d’éducation contribue beaucoup à embarrasser la question. On ne sait nullement s’il faut ne diriger l’éducation que vers les choses d’utilité réelle, on bien en faire une école de vertu ; ou si elle doit aussi comprendre des objets de pur agrément. Ces différents systèmes ont trouvé des partisans ; et il n’y a encore rien de généralement accepté sur les moyens de rendre la jeunesse vertueuse. [1337b] Mais comme les avis sont fort divers sur l’essence même de la vertu, on ne doit pas s’étonner qu’ils le soient également sur la manière de la mettre en pratique.


§ 1. Donc. Cette conjonction, qui rattache de si près cette phrase à la précédente, indique assez que la division en livres n’est pas venue de l’auteur lui-même. Voir le commencement du livre II, du livre VII (6) et du livre VIII (5). Diogène, philosophe pythagoricien, à peu près contemporain d’Aristote, dit, dans un fragment que nous a conservé Stobée (Sermo 141, p. 441) ;« Quel est le principe de tout État ? L’éducation des enfants.»

§ 2. Maître de lui-même. C’est là le principe fondamental des gouvernements anciens. Le citoyen ne s’appartient pas ; il est à l’État, qui peut en disposer à son gré. Ce principe, avec ses justes limites, est le vrai, quoi qu’en puisse penser le cosmopolitisme moderne.

§ 3 Les Lacédémoniens. Voir plus haut l’analyse de la constitution de Sparte, liv. II, ch. XII.

CHAPITRE II. Suite de la théorie de l’éducation. Des objets de l’éducation ; les lettres, la gymnastique, la musique et le dessin ; limites dans lesquelles l’étude doit se renfermer pour des hommes libres. De la place qu’on a jadis assignée à la musique dans l’éducation ; elle est un digne emploi du loisir.

§ 1. Un point incontestable, c’est que l’éducation, parmi les choses utiles, doit comprendre celles qui sont d’une absolue nécessité ; mais elle ne doit pas les comprendre toutes sans exception. Toutes les occupations pouvant se distinguer en libérales et en serviles, la jeunesse n’apprendra parmi les choses utiles que celles qui