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cité, soit intéressé également à la défense des deux localités.

§ 8. Cette répartition, équitable en elle-même, assure l’égalité des citoyens, et leur union plus intime contre les ennemis communs qui les avoisinent. Partout où elle n’est pas établie, les uns s’inquiètent fort peu des hostilités qui désolent la frontière ; les autres les redoutent avec une honteuse pusillanimité. Aussi, dans quelques États, la loi exclut les propriétaires de la frontière de toute délibération sur les agressions ennemies qui les atteignent, comme trop directement intéressés pour être bons juges. Tels sont les motifs qui doivent faire partager le territoire comme nous venons de le dire.

§ 9. Quant à ceux qui le doivent cultiver, si l’on a le choix, il faut prendre surtout des esclaves, et avoir soin qu’ils ne soient pas tous de la même nation, et surtout qu’ils ne soient pas belliqueux. Avec ces deux conditions, ils seront excellents pour accomplir leur travail et ne songeront point à s’insurger. Ensuite, à ces esclaves il faut joindre quelques barbares à l’état de serfs, et qui présenteront les mêmes qualités que les esclaves. Sur les terres particulières, ils appartiendront au propriétaire ; sur les terres publiques, ils seront à l’État. Nous dirons plus loin comment il faut agir avec les esclaves, et pourquoi l’on