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vilège. C’est même là ce qui constitue la dissemblance des gouvernements. Dans les démocraties, tous les droits sont communs ; c’est le contraire dans les oligarchies.

§ 2. Le gouvernement parfait que nous cherchons est précisément celui qui assure au corps social la plus large part de bonheur. Or le bonheur, avons-nous dit, est inséparable de la vertu ; ainsi, dans cette république parfaite où la vertu des citoyens sera réelle, dans toute l’étendue du mot, et non point relativement à un système donné, ils s’abstiendront soigneusement de toute profession mécanique, de toute spéculation mercantile, travaux dégradés et contraires à la vertu. Ils ne se livreront pas davantage à l’agriculture ; il faut du loisir pour acquérir la vertu et pour s’occuper de la chose publique.

§ 3. Reste encore la classe des guerriers, et la classe qui délibère sur les affaires de l’État et juge les procès. Ces deux éléments-là surtout semblent devoir constituer essentiellement la cité. Les deux ordres de fonctions qui les concernent, seront-ils remis à des mains séparées, ou réunis dans les mêmes mains ? À cette question aussi, la réponse est évidente ; ils doivent être séparés jusqu’à certain point, et jusqu’à certain point réunis : séparés, parce qu’ils se rapportent à des âges différents, et qu’il faut, ici de la prudence, là de la vigueur ; réunis, parce qu’il est impossible que des gens qui ont la force en main et qui peuvent en user, se résignent à une soumis-