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LIVRE IV (7), CHAPITRE V

on leur en fera certainement davantage de l’un des deux, quand on peut occuper simultanément l’un et l’autre.

§ 5. La mer permet encore de satisfaire les besoins de la cité, c’est-à-dire, d’importer ce que le pays ne produit pas et d’exporter les denrées dont il abonde. Mais la cité dans son commerce doit ne penser qu’à elle et jamais aux autres peuples. On ne se fait le marché commercial de toutes les nations[1] que par avidité ; et l’État, qui doit trouver ailleurs l’élément de sa richesse, ne doit jamais se livrer à de semblables trafics. Mais dans quelques pays, dans quelques États, la rade, le port creusé par la nature sont merveilleusement situés[2] par rapport à la ville, qui sans en être fort éloignée, en est cependant séparée et les domine par ses remparts et ses fortifications. Grâce à cette situation, la ville évidemment profitera de toutes ces communications, si elles lui sont utiles ; et si elles peuvent lui être dangereuses, une simple disposition législative pourra la garantir de tout danger, en désignant spécialement les citoyens auxquels cette communication avec les étrangers sera permise ou défendue.

§ 6. Quant aux forces navales, personne ne doute que l’État ne doive dans une certaine mesure être puissant sur mer ; et ce n’est pas seulement en vue de ses besoins intérieurs, c’est aussi par rapport à ses voisins, qu’il doit pouvoir secourir ou inquiéter, selon les cas,

  1. Cette réprobation du commerce pour l’État est la suite des principes établis dans le liv. Ier, ch. iii, § 23.
  2. C’était la position du Pirée relativement à Athènes, qui y était jointe par des murailles.