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sauvages et bons à manger. Mais certes un Etat, si l’on trouvait les moyens de l’isoler de tout autre, pourrait être heureux par lui-même, à la seule condition d’être bien administré et d’avoir de bonnes lois. Dans cette cité-là, la constitution ne sera certainement tournée ni à la guerre ni à la conquête, idées que personne n’y peut même supposer.

§ 10. Ainsi donc, il est clair que ces institutions guerrières, quelque belles qu’elles soient, doivent être non point le but suprême de l’État, mais seulement des moyens pour l’atteindre. Le vrai législateur ne songera qu’à donner à la cité entière, aux individus divers qui la composent, et à tous les autres membres de l’association, la pari de vertu et de bonheur qui peut leur appartenir, modifiant selon les cas le système et les exigences de ses lois : et si l’État a des voisins, la législation aura soin de prévoir les relations qu’il convient d’entretenir avec eux, et les devoirs que l’on doit remplir à leur égard. Cet objet aussi sera traité plus tard par nous comme il mérite de l’être, quand nous déterminerons quel est le but où doit tendre le gouvernement parfait.