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ignorer aussi quel est le gouvernement par excellence ; car il est naturel qu’un gouvernement parfait assure aux citoyens qu’il régit, dans le cours ordinaire des choses, la jouissance du bonheur le plus parfait que comporte leur condition. Ainsi, convenons d’abord quel est le genre de vie qui serait préférable pour tous les hommes en général ; et nous verrons ensuite s’il est le même, ou s’il est différent, pour la masse et pour l’individu.

§ 2. Comme nous pensons avoir montré suffisamment, dans nos ouvrages exotériques, ce qu’est la vie la plus parfaite, nous appliquerons ici nos principes.

Un premier point que personne ne saurait contester, parce qu’il est de toute vérité, c’est que les avantages dont l’homme peut jouir se divisant en trois classes : avantages qui sont en dehors de lui, avantages du corps, avantages de l’âme, le bonheur consiste dans la réunion de tous ces biens. Personne ne serait tenté de croire au bonheur d’un homme qui n’aurait ni courage, ni tempérance, ni justice, ni sagesse, qui tremblerait au vol d’une mouche, qui se livrerait sans réserve à ses appétits grossiers de soif et de faim, qui pour le quart d’une obole serait prêt à trahir ses amis les plus chers, et qui, non moins dégradé en fait d’intelligence, serait déraisonnable et crédule autant qu’un enfant ou un insensé.