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Telles sont à peu près les objections faites contre la royauté.

§ 10. Les unes sont parfaitement fondées, les autres le sont peut-être moins. Le pouvoir du maître, comme la royauté ou tout autre pouvoir politique, , juste et utile, est dans la nature ; mais la tyrannie n’y est pas, et toutes les formes corrompues de gouvernement sont tout aussi contraires aux lois naturelles. Ce que nous avons dit doit prouver que, parmi des individus égaux et semblables, le pouvoir absolu d’un seul n’est ni utile ni juste ; peu importe que cet homme soit d’ailleurs comme la loi vivante en l’absence de toute loi, ou même en présence des lois, ou qu’il commande à des sujets aussi vertueux ou aussi dépravés que lui, ou bien enfin qu’il soit tout à fait supérieur par son mérite. Je n’excepte qu’un seul cas, et je vais le dire, bien que je l’aie déjà indiqué.

§ 11. Fixons d’abord ce que signifient pour un peuple les appellations de monarchique, d’aristocratique, de républicain. Un peuple monarchique est celui qui naturellement peut supporter la domination d’une famille douée de toutes les vertus supérieures qu’exigé la domination politique. Un peuple aristocratique est celui qui, tout en ayant les qualités nécessaires pour la constitution politique qui convient à des hommes libres, peut naturellement supporter l’autorité de chefs que leur mérite appelle à gouverner. Un peuple républicain est celui où naturellement tout le monde est guerrier et sait également obéir et commander, à l’abri